La réserve naturelle de Xuan Lac

La réserve naturelle de Xuan Lac, localisée dans le district de Cho Don, province de Bac Kan, s'étend sur plus de 4 100 hectares à une altitude supérieure à 800 mètres. Ce site remarquable englobe les communes de Dong Lac, Xuan Lac, Ban Thi et Yen Thinh, offrant un climat frais tout au long de l'année, de superbes paysages et une richesse historique et culturelle qui constituent les bases du développement touristique dans la région.
 

Réserve naturelle de Xuan Lac - Photo : Mr Linh's Adventures

La réserve de Nam Xuan Lac, créée en 2004, couvre environ 1 788 hectares. Elle fait partie des efforts du Vietnam pour préserver sa biodiversité riche, abritant de nombreuses espèces menacées et des écosystèmes uniques. Selon les données du Département des forêts, cette zone contient 653 espèces de plantes supérieures, dont 50 sont inscrites au Livre rouge du Vietnam et 9 sur la liste rouge de l'UICN. Parmi ces espèces, on trouve des bois précieux tels que le bois de fer et diverses herbes médicinales.

La réserve abrite une faune variée, comprenant 29 espèces de mammifères, 47 espèces d'oiseaux et 12 espèces de reptiles. Parmi les espèces les plus rares, on peut citer les singes noirs, les singes tachetés ou bien encore les grands loris. Cette biodiversité riche attire de plus en plus de visiteurs intéressés par le tourisme expérimental et la conservation.

La région de Nam Xuan Lac recèle des vestiges de l'exploitation minière coloniale française, témoignant d'une période historique marquante. Les Français, attirés par le climat frais, y ont établi des stations de villégiature dont les traces subsistent encore aujourd'hui. De plus, ce site se trouve sur l'axe touristique reliant la zone de sécurité de Cho Don au lac Ba Be, enrichissant l'attrait de la région.
 

Des vestiges d'anciennes exploitations minières sont encore visibles - Photo : Mr Linh's Adventures

La réserve se distingue par sa flore et sa faune variées, cruciales pour les efforts de conservation. Elle abrite de nombreuses espèces endémiques ou menacées.

Le paysage montagneux et les formations karstiques créent des habitats essentiels pour la faune et la flore. Des forêts denses y fournissent des ressources vitales aux communautés locales.
Importance culturelle

Les vestiges historiques, notamment ceux de la période coloniale, ajoutent une dimension culturelle à la beauté naturelle de la région. Ces traces fascinantes du passé colonial français, particulièrement à travers les vestiges des anciennes mines de plomb et de zinc, témoignent non seulement de l'exploitation minière intensive qui a eu lieu au début du 20e siècle, mais aussi de l'impact historique et culturel de cette période sur la région.

En fait, l'histoire minière de Bac Kan remonte à des siècles, bien avant l'arrivée des colons français. Les populations locales extrayaient déjà des minerais tels que le charbon, le cuivre et le zinc pour leur subsistance et le commerce. Mais c'est à l'aube du XXe siècle que l'exploitation minière dans la région prit une nouvelle ampleur avec l'arrivée des Français. En effet, dès 1909, le gouvernement colonial français a investi massivement dans l'exploitation des ressources minérales de la région. Attirés par les richesses souterraines de Bac Kan, les colons établirent un vaste réseau de mines et d'infrastructures. Des milliers de travailleurs vietnamiens furent contraints de travailler dans des conditions difficiles et dangereuses pour extraire les minerais précieux. La mine de Cho Dien- Ban Thi est devenue la plus grande de son genre au Vietnam employant,  à son apogée, environ 1 000 ouvriers, soutenus par un réseau complexe de tunnels, de treuils et de chemins de fer. Ces infrastructures étaient cruciales pour le transport du minerai, reliant les sites d'extraction aux lieux de traitement.
 

Mines de zinc de Cho Dien - Transport de calamine - Photo : Photographe français inconnu - 1927

Aujourd'hui, les vestiges de ces opérations minières sont encore visibles. On peut explorer les tunnels creusés dans la montagne, qui servaient à transporter le minerai. Ces passages, connus sous le nom de "tu nen" en langue Tay – probablement une déformation du mot français tunnel -  sont un témoignage de l'ingéniosité et des techniques de l'époque. Les structures en acier, bien que rouillées et usées par le temps, demeurent fièrement dressées, offrant un aperçu poignant de l'histoire coloniale.
Les anciennes stations de treuil, qui autrefois facilitaient le transport des minerais, sont maintenant envahies par la végétation, mais leur présence continue d'évoquer les luttes et les efforts des mineurs. Les piliers de fer, bien que partiellement détruits, sont des symboles de la résistance du passé face aux forces de la nature. Ces vestiges plus que centenaires rappelle combien la Société minière et métallurgique de l'Indochine a investi dans la mine, en particulier la construction d'un système de téléphériques de plus de 3 km (peut-être s'agit du premier système de téléphériques au Viêt Nam) et d'un chemin de fer pour le transport de minerai.
 

Des ingénieurs français posent pour une photo - Photo : Photographe français inconnu - 1927

► Plus de ressources sur le site des entreprises coloniales

Ces vestiges ne sont pas seulement des souvenirs d'une époque révolue ; ils sont également des lieux de mémoire. Ils rappellent les difficultés vécues par les travailleurs vietnamiens et soulignent l'exploitation coloniale qui a marqué la région. En visitant ces sites, les randonneurs et les chercheurs peuvent mieux comprendre l'impact historique de l'exploitation minière et son rôle dans l'évolution sociale et économique du Vietnam.
Le saviez-vous ? Pendant la guerre contre les Français, l’armée a utilisé une partie de l'acier de ce système de treuil à câble pour produire des armes.

Le gouvernement vietnamien priorise la conservation des zones comme Nam Xuan Lac face à la diminution alarmante des populations d'animaux sauvages. Des collaborations avec des organisations internationales visent à améliorer les stratégies de conservation et à protéger la biodiversité unique de la réserve. La mise en valeur de ces vestiges dans le cadre de projets d'écotourisme offre une opportunité unique de sensibiliser le public à l'importance de la préservation du patrimoine culturel et historique. En intégrant ces sites dans des itinéraires touristiques, la réserve naturelle de Xuan Lac espère attirer des visiteurs désireux d'explorer non seulement la biodiversité de la région, mais aussi son histoire riche et complexe.
 

Pic de Phja Khao - Photo : Mr Linh's Adventures

Le trekking jusqu'au pic Phja Khao est une aventure passionnante pour les amateurs de nature. À une altitude d'environ 1 541 mètres, le sommet offre des vues imprenables sur les montagnes environnantes.
Bon à savoir : La période idéale pour faire du trekking au Phia Khao Peak est la saison sèche, typiquement de la fin de l'automne au début du printemps (octobre à mars). Cette période offre un ciel plus clair et des conditions météorologiques plus stables.
 

Le parcours, bien que challenging, est enrichissant.
Dès le départ, le sentier serpente à travers une forêt dense où le chant des oiseaux et le murmure des feuilles créent une symphonie naturelle. Chaque pas nous rapproche des majestueuses montagnes qui se dressent à l’horizon, offrant un superbe panorama de paysages à la beauté sauvage.

À mesure que nous gravissons les pentes, les vestiges des anciennes exploitations minières se dévoilent, témoignant d’un passé riche et complexe. Les ruines des tunnels, recouvertes de mousse et de lierre, racontent l’histoire des mineurs qui ont façonné cette terre. Les piliers de fer rouillés, vestiges d’un temps révolu, se dressent fièrement, défiant le passage du temps et invitant à la réflexion.

Après plusieurs heures d’effort, le sentier s’ouvre sur une vue panoramique au sommet de Nui Phja Khoa. De là, les vallées verdoyantes et les crêtes montagneuses se déploient à perte de vue, créant un tableau naturel d’une beauté saisissante. Une légère brise caresse le visage, apportant avec elle le parfum des fleurs sauvages qui éclosent au gré des saisons. C'est un moment de pure magie, où l'on se sent à la fois petit et connecté à la grandeur de la nature. Au sommet, se trouve egalement le temple de Phja Khoa. Ce lieu de culte, construit en 1933, est dédié à Tran, une figure emblématique qui a défendu le Pays du Dragon contre les envahisseurs mongols. Le temple, restauré en 2017, présente une architecture traditionnelle dans une ambiance spirituelle, offrant un espace de recueillement pour les visiteurs venus s’aventurer jusqu’ici.
 

Le petit temple de Phja Khao - Photo : Mr Linh's Adventures

Ce trek, au-delà de l’expérience physique, devient une véritable immersion dans l’histoire et la culture de la région. Chaque pas sur ce chemin chargé de mémoire évoque les luttes passées, tout en célébrant la beauté intemporelle de la réserve naturelle de Xuan Lac. C'est une aventure qui laisse une empreinte indélébile dans le cœur de ceux qui s'y engagent, offrant un regard nouveau sur le lien entre l'homme, la nature et l'histoire.
Le trekking au pic Phja Khao dans la réserve naturelle de Xuan Lac représente non seulement un défi physique mais aussi une immersion dans la beauté naturelle du Vietnam. Que vous soyez un trekkeur expérimenté ou débutant, cette aventure promet des expériences inoubliables au cœur de paysages sauvages et encore intacts.
 

Trekking au pic Phja Khao - Photo : Mr Linh's Adventures

Note : Cette collection de photos rares a été prise en 1927 par un photographe français inconnu, montrant les activités minières ardues à la mine Cho Dien entreprises par des ouvriers indigènes, au détriment de leur santé, pour enrichir l’administration coloniale. Publiees dans [https://saigoneer.com/vietnam-heritage/18620-photos-inside-the-back-breaking-mining-operations-of-bac-kan-under-french-rule]