Niché au nord du Vietnam, le
parc national de Ba Be, aujourd'hui havre de paix et de biodiversité, a traversé les tourments des guerres d'Indochine. Bien que les échos des batailles majeures aient rarement atteint ses vallées et ses lacs sereins, la région a joué un rôle discret mais non négligeable durant ces conflits.
Le président Ho Chi Minh, le général Vo Nguyen Giap et d'autres dirigeants du Parti et de l'Etat discutent des plans de lancement de la campagne de Dien Bien Phu (1954) - Photo : Musée de l'Armée populaire du Viêt Nam
I. La Première Guerre d'Indochine (1946-1954)
La première guerre d'Indochine opposa les forces françaises au Viêt Minh d'Ho Chi Minh. La province de Bac Kan, voisine de la Chine, fut cruciale pour le ravitaillement du Viêt Minh. L'opération Léa (1947), tentative française pour couper cette ligne vitale, échoua à vaincre définitivement le Viêt Minh. Bac Kan fut un centre de résistance, notamment grâce à la cellule Chi Kien.
Durant ce conflit, Ba Be, avec son relief accidenté et sa faible population, devint un refuge stratégique et une base arrière potentielle pour les indépendantistes. Ses forêts denses et son isolement offraient un abri idéal. Proche de la Chine après 1949, Ba Be put servir de voie discrète pour l'acheminement de ressources. La présence française limitée permit au Viêt Minh une certaine autonomie. Les minorités ethniques locales apportèrent leur soutien logistique et leur connaissance du terrain. L'absence de batailles frontales à Ba Be s'explique par la stratégie de guérilla du Viêt Minh, qui préférait harceler les zones environnantes.
Les minorités ethniques (Tày, Nùng, Dao) peuplant Ba Be ont été sollicitées par le Việt Minh pour leur connaissance du terrain, leur soutien logistique (nourriture, gîte) et leur discrétion.
Le drapeau de la victoire flotte sure Dien Bien Phu - Image d'archive (Vietnam the Art of War)
II. La Deuxième Guerre d'Indochine (1955-1975)
Pendant la guerre du Vietnam, Bac Kan continua de soutenir la résistance, bien que son rôle soit moins documenté. Ba Be conserva son rôle de refuge pour le Nord-Vietnam et le FNL. Bien que moins centrale que la piste Hô Chi Minh, la région pouvait servir de zone de repos et de transit. Malgré des bombardements ponctuels et des perturbations de la vie quotidienne, Ba Be fut moins touchée que le Sud. Son rôle fut moins central que lors de la première guerre, l'épicentre des combats s'étant déplacé.
Retour à la paix et valorisation du patrimoine
Après 1975, Ba Be retrouva la sérénité et se tourna vers le tourisme écologique, valorisant sa richesse naturelle. Si Ba Be ne fut pas un champ de bataille majeur, sa géographie en fit un refuge et une zone de soutien pour l'indépendance vietnamienne. La population locale vécut au rythme de ces conflits avec une intensité moindre qu'ailleurs. Aujourd'hui, la beauté paisible de Ba Be contraste avec le souvenir de ces périodes troubles, rappelant que même les sanctuaires naturels portent les marques de l'histoire.
Lac Ba Be, un havre de paix - Mr Linh's Adventures