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Les Nung, gardiens de la diversité culturelle du Vietnam

Parmi les nombreuses minorités ethniques qui façonnent la richesse culturelle du Vietnam, les Nung occupent une place de choix. Cette communauté de plus d'un million de personnes (chiffres de 2019), principalement établie dans le nord-est du pays, a su préserver un héritage ancestral remarquable, notamment au sein du Parc National de Ba Bể.
 
nouvel-an Le chaman et le groupe de cérémonie se rendent à une cérémonie d'offrandes - Photo:LangVanHoaVietnam

Origine et histoire

Originaires des populations Tai vivant dans le Guangxi, en Chine, les Nung ont commencé à migrer vers le Vietnam il y a deux à trois siècles, fuyant souvent les troubles politiques et sociaux qui secouaient leur pays d'origine.

Durant la période coloniale française, entre 1947 et 1954, un « Territoire Autonome Nùng » fut établi dans les provinces de Quảng Ninh et Lạng Sơn. Cette initiative visait à rallier le soutien des minorités ethniques contre le Việt Minh. Cependant, après 1954, ce territoire fut dissous, entraînant la migration de plus de 50 000 Nùng vers le sud du Vietnam, principalement autour de Saïgon et dans les provinces de Dong Nai, Lam Dong et Dak Lak, ainsi qu'à l'étranger.

C’est ainsi que l’histoire des Nung est marquée par ces déplacements, mais aussi par une lutte constante pour préserver leur autonomie et leur identité culturelle.

Habitat et architecture

Aujourd'hui, les Nung se répartissent en de nombreux sous-groupes, tels que les Nung Xuong, les Nung Giang ou les Nung Chao, chacun avec ses propres traditions et particularités. Ils vivent principalement dans des hameaux de 30 à 70 foyers, où leurs maisons traditionnelles sur pilotis ou en terre battue (appelées "trinh tuong") s'harmonisent avec les rizières humides et les vergers qui les entourent.

Ces habitations, coiffées de tuiles yin-yang formant un motif emblématique, sont conçues pour abriter la vie quotidienne, le stockage et les animaux. L'espace intérieur, généreux, se divise harmonieusement en deux parties : la section avant, réservée aux hommes et à l'autel des ancêtres, et la section arrière, dédiée aux femmes et à la cuisine.
 
femme-nung Femme Nung en tenue traditionnelle - Photo : Khieu Minh

Langue, écriture et religion

La langue nung, appartenant à la famille Tai-Kadai, (plus précisément au sous-groupe Tay-Thai), est étroitement liée à celle de leurs voisins ethniques, les Tày et les Zhuang. Bien que le vietnamien soit largement utilisé, les Nung continuent à communiquer dans leur langue maternelle, notamment lors des échanges au marché ou des célébrations traditionnelles.
Autrefois, les Nùng transcrivaient leur langue à l'aide du Sawndip, un système d'écriture ancien dérivé des caractères chinois. Toutefois, cet usage s'est raréfié au fil du temps. Désormais, les textes rituels sont souvent annotés en caractères vietnamiens, facilitant ainsi leur lecture.

La religion des Nung est un mélange d'animisme, de bouddhisme et de confucianisme. Ils vénèrent les esprits de la nature (phi), des figures comme Quan Âm (Guanyin), ainsi que leurs ancêtres, dont le culte occupe une place centrale dans leurs pratiques. Leurs fêtes et cérémonies, telles que le Long Tong (festival des champs) ou le Thanh Minh (préparation des tombes), sont souvent accompagnées de performances artistiques traditionnelles, comme le Then, un mélange de musique et de spiritualité.

Culture et traditions

La culture Nung est riche en traditions orales et artistiques. Leurs chants, accompagnés d'instruments comme la flûte en bambou, le tambour et le gong, rythment la vie quotidienne, les fêtes et les cérémonies. Les contes et légendes, récités lors des veillées, perpétuent l'histoire, les valeurs et les croyances du peuple. Le théâtre et la danse, souvent liés aux rituels religieux, se distinguent par l'utilisation de masques et de costumes colorés.

Sur le plan vestimentaire, les Nung portent des vêtements simples, teints à l'indigo et ornés de broderies ou de perles. Les femmes arborent des foulards carrés pliés en triangle, tandis que les hommes portent des chemises à col mandarin boutonnées.
Côte cuisine, le riz est l'aliment de base, agrémenté de plats spécifiques lors des fêtes, comme le Têt. Le riz gluant coloré est un régal, notamment les variétés noires et aux œufs de fourmi, incontournables des célébrations. En fin janvier, les galettes d'absinthe sont un délice saisonnier. Le cochon rôti farci aux feuilles de "mac mât", une épice locale proche du poivre, est réservé aux grandes occasions.

Et enfin, saluons l’excellence des Nùng dans le tissage, la teinture à l'indigo, la vannerie et la fabrication d'objets en argent. Ces savoir-faire, transmis de génération en génération, sont des symboles de leur identité.

plats-traditionnelsPlats traditionnels pour le festival Thanh Minh - Internet

Économie

Historiquement, les Nung étaient principalement agriculteurs, pratiquant la culture sur brûlis et l'agriculture en terrasses. Ils cultivent toujours le riz, les légumes, les fruits et les épices, tout en élevant du bétail pour subvenir à leurs besoins.

Un héritage préservé

Aujourd'hui, les Nung du Parc National de Ba Bể incarnent la richesse culturelle du Vietnam. Leur histoire, leurs traditions et leur mode de vie, en harmonie avec la nature, offrent aux visiteurs une expérience immersive unique. Cet héritage préservé souligne l'importance de la diversité culturelle et la nécessité de protéger notre patrimoine commun.
 
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