Le parc national de Ba Bè, au cœur du Vietnam, est un véritable paradis pour les amoureux de la nature. Ses forêts luxuriantes abritent une biodiversité exceptionnelle, et parmi ses trésors les plus précieux, on trouve de nombreuses plantes aux vertus médicinales.
Un patrimoine ancestral
Depuis des siècles, les communautés locales, notamment les ethnies Tay et Dao, exploitent ces plantes pour soigner les maux du quotidien. Leurs connaissances, transmises de génération en génération, ont donné naissance à une pharmacopée traditionnelle riche et variée.
Les stars de la forêt
Parmi les plantes les plus emblématiques de Ba Bè, on retrouve :
Ngoc Linh, le ginseng vietnamien - Source : Internet
Le ginseng vietnamien : Considéré comme un élixir de jouvence, il est utilisé pour renforcer l'organisme et améliorer les fonctions cognitives.
Selon une croyance populaire, porter un morceau de gingembre autour du cou protégerait du mauvais œil. Autrefois, les enfants en bas âge en portaient souvent pour se protéger des mauvais sorts.
Le gingembre et ses propriétés remarquables - Source : Pixabay
Le gingembre : Cette racine aromatique est un anti-inflammatoire naturel très efficace.
On raconte que les rois vietnamiens consommaient régulièrement du ginseng pour renforcer leur vigueur et prolonger leur jeunesse. Certains affirment même qu'il leur permettait de passer plusieurs nuits avec leurs concubines sans se fatiguer.
La citronnelle et son parfum unique - Source : iStock
La citronnelle : Connue pour ses propriétés calmantes et digestives, elle est également utilisée pour repousser les insectes.
Les feuilles de citronnelle sont souvent brûlées dans les maisons pour purifier l'air et chasser les mauvais esprits. On dit que leur parfum citronné éloigne les démons et les fantômes.
Le curcuma, une plante magique - Source : Internet
Le curcuma : Cette épice dorée est un puissant antioxydant qui aide à lutter contre les maladies.
Le curcuma est utilisé depuis des siècles pour teindre les robes des moines bouddhistes en safran. Cette couleur symbolise la sagesse, la pureté et la dévotion.
L'armoise garde encore bien des secrets - Source : Internet
L'artemisia annua : Cette plante, connue sous le nom d'armoise annuelle, est à l'origine de l'artémisinine, un composé utilisé dans le traitement du paludisme. Sa découverte a valu le prix Nobel de médecine à la chercheuse chinoise Tu Youyou en 2015. Bien avant, alors qu’on la redecouvrait dans les années1970, elle a permis de mettre au point de nouveaux traitements contre la malaria.
En Chine, l'armoise annuelle est utilisée depuis des siècles pour traiter la fièvre.
Savoir-faire ancestral : les secrets des guérisseurs de Ba Bè
Les ethnies Tay, Dao et H'mong, qui cohabitent autour du lac Ba Bè, ont développé au fil des siècles un savoir-faire ancestral dans l’utilisation des plantes médicinales. Chacune de ces ethnies possède ses propres recettes et rituels, transmis de génération en génération.
Les Tay sont réputés pour leurs tisanes. Pour soulager les maux de tête, ils préparent une infusion à partir des feuilles de citronnelle, associées à quelques tranches de gingembre frais. Selon la légende, il suffit d'ajouter une pincée de terre prélevée devant la porte de la maison pour renforcer l'efficacité du remède.
Les Dao sont quant à eux de grands connaisseurs des racines. Ils utilisent souvent les racines de kudzu pour préparer une décoction destinée à calmer la fièvre. Pour renforcer l'efficacité de ce remède, ils ajoutent parfois quelques gouttes d'une huile essentielle extraite d'une plante sacrée, gardée secrète au sein de la communauté.
Les H'mong sont particulièrement doués pour la préparation d'onguents et de cataplasmes. Pour soigner les blessures, ils mélangent de la poudre de feuilles de margousier avec de la graisse d'animal et de la cire d'abeille. Avant d'appliquer l'onguent, ils récitent une incantation pour chasser les mauvais esprits.
Ces quelques exemples illustrent la diversité des pratiques traditionnelles liées aux plantes médicinales à Ba Bè. Chaque ethnie possède ses propres secrets et ses propres rituels, faisant de cette région un véritable sanctuaire de la médecine naturelle.
Les herbes pour un bain traditionnel - Source : Christian Berg
De la tradition à la science moderne
L'intérêt pour les plantes médicinales de Ba Be dépasse aujourd'hui le cadre traditionnel. Des chercheurs vietnamiens et internationaux étudient activement ces plantes pour identifier de nouveaux composés bioactifs et valider scientifiquement leurs propriétés thérapeutiques.
Par exemple, des études récentes ont mis en évidence les propriétés anticancéreuses de certains composés extraits du ginseng vietnamien. D'autres recherches portent sur le potentiel de plantes locales dans le traitement de maladies chroniques comme le diabète ou l'hypertension.
Cette convergence entre savoirs traditionnels et recherche scientifique ouvre de nouvelles perspectives pour le développement de traitements innovants, tout en valorisant le patrimoine culturel local.
Une richesse menacée
Malheureusement, cet héritage est en péril. La déforestation, le changement climatique et une exploitation excessive menacent la survie de nombreuses espèces végétales. Il est donc urgent de prendre des mesures pour protéger ces trésors naturels.
Préserver pour l'avenir
Pour préserver ce patrimoine exceptionnel, plusieurs actions sont mises en œuvre :
- La création de zones protégées : Certaines zones du parc sont strictement réglementées pour protéger les espèces les plus vulnérables.
- La promotion de la culture durable : Des projets encouragent la culture de plantes médicinales en dehors de leur milieu naturel.
- La recherche scientifique : Des études sont menées pour mieux comprendre les propriétés de ces plantes et développer de nouveaux traitements.
- La sensibilisation du public : Des programmes éducatifs sont mis en place pour informer les populations locales et les visiteurs sur l'importance de préserver la biodiversité.
Une femme Dao rouge en pleine récolte - Source : Du Lich An Nam
Vers un tourisme responsable
Le tourisme peut être un outil pour soutenir la conservation de la nature. Des circuits sont proposés pour découvrir les secrets de la pharmacopée traditionnelle, tout en respectant l'environnement et les communautés locales.
Conclusion
Les plantes médicinales de Ba Bè sont bien plus qu'une simple ressource naturelle. Elles représentent un patrimoine culturel inestimable et une source d'inspiration pour la recherche scientifique. En protégeant ces trésors verts, nous assurons un avenir meilleur pour les générations à venir.